Agroécologie Afrique de l’Ouest
– Sénégal –
Reforestation et Grande Muraille Verte
Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte (ASERGMV)
L’initiative de la grande muraille verte fut lancée en 2005 par le président Olusegun Obasanjo du Nigéria. L’idée fut ensuite développée en 2008 par Maître Abdoulaye Wade président du Sénégal aboutissant à la création en 2010 sous la tutelle de l’Union Africaine de l’Agence Panafricaine de la Grande Muraille Verte regroupant 11 pays.
Pour le Sénégal, le projet s’étend sur 545 km de long, 15 km de large et concerne trois régions : Louga, Matam et Tambacounda. Widou Thiengoly est la base de l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte.
En 2012 le projet a avancé au Sénégal
Mais le problème du manque d’implication des populations rurales est posé, spécialement les éleveurs qui voient se poser ces immenses surfaces encloses de grillage où leurs bêtes ne peuvent entrer et qu’elles ne peuvent traverser. Cependant des parcelles de plantations se sont accompagnées de mises en place de Jardins polyvalents pour les groupements féminins et permettent une réelle amélioration pour les populations locales.
Des parcelles de reboisement ont réussi comme la Réserve communautaire de Koyli alpha, (Mboula) où 7 gazelles ont été réintroduites en 2020, d’autres moins comme celle de Mbar Toubab.
En 2019 Haidar El Ali est nommé directeur général de Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte (ASERGMV) qui regroupe dorénavant 3 directions :
La direction de la GMV – La direction des Ecovillages (Voir notre article Les TolouKeur) – La direction de la Reforestation.
L’Agence a pour rôle de continuer à reverdir la zone de la Grande Muraille Verte (GMV) et de reboiser l’ensemble du Sénégal.
Sur la carte, notices et photos : choisir une icône (puis “plus d’infos” sur mobile)
Les activités de reforestation par l’ASERGMV en 2019, 2020 et 2021
et celles par l’Oceanium de Dakar dont le reboisement de la mangrove depuis 2006
Le colonel Gora Diop, directeur de la Grande Muraille Verte GMV, succède à Pap Sarr.
Tous sont conscients que le problème c’est l’eau. Dans les conditions extrêmes du Ferlo il pleut très peu, très peu de temps et pendant ce temps il faut que tous les plants soient mis en terre. Les autres problèmes sont la protection contre la divagation du bétail, la lutte contre les feux, obtenir une bonne qualité de graines et que les actions bénéficient aux populations locales.
A partir de là Haïdar applique sa formule : tout se fait en impliquant les populations et en améliorant les conditions de vie des communautés locales. L’ASERGMV s’appuie sur la communication, l’information et la sensibilisation pour créer des villages écologiques et des emplois verts.
La stratégie adoptée
Informer, sensibiliser, aller vers les populations, les faire participer
Pour avoir des zones qui soient durables il faut que les populations se les approprient, deviennent eux-mêmes acteurs. C’est au départ de faire des choses de manière participative, d’aller vers les populations, leur dire que nous voulons protéger l’environnement mais pour qu’ils en profitent durablement : nous voulons protéger AVEC eux, POUR eux
Techniques promues par Haïdar El Ali
Multiplier des aménagements de parcelles en impliquant les populations
Pour permettre aux arbres de survivre, Haidar est convaincu que la solution passe par des aménagements de parcelles qui pendraient la forme de sortes d’oasis.
– L’eau c’est capital : on amène l’eau soit par forage soit par canalisations si on est près du fleuve.
– Mettre en défens les zones de plantation, c’est-à-dire installer de hautes barrières. Dans les parcelles plantées, il faut protéger les jeunes pousses de la divagation du bétail : il faut accompagner l’arbre pendant 3 ou 4 ans pour qu’il puisse continuer tout seul, pour que ses racines soient arrivées à trouver l’eau, l’humidité, et qu’il soit assez grand pour que le bétail ne le détruise pas.
– Créer des bassins d’eau pour les animaux là où les arbres sont assez grands. Les animaux eux aussi ont un rôle capital pour la reforestation : après avoir consommé les fruits des arbres, ils rejetteront les graines avec leurs excréments qui donneront naissance à de nouveaux plants. D’autant plus que les fruits des arbres sont souvent mûrs au tout tout début de la saison des pluies ce qui fait que les graines rejetées profitent de la pleine saison des pluies et de la fumure des excréments. La nature est bien faite.
Choisir les arbres
Si le reboisement de la mangrove est un réel succès avec 75 % des plants qui ont tenu, dans les conditions extrêmes du Ferlo la pluviométrie est de 200 mm tandis qu’on a 1000 à 1200 mm au Sud. « Pour 1 arbre planté qui arrive à maturité ici, on en a 100 au Sud ».
Il faut choisir des espèces endémiques adaptées aux températures et aux niveaux de pluviométrie et aussi des espèces qui apportent une économie aux populations :
Dans les régions très arides des arbres qui peuvent résister avec pluviométrie variant de 150 à 200 mm, l’acacia Sénégal qui fournit la gomme arabique utilisé comme émulsifiant dans l’industrie alimentaire, les Acacias Seyal, Tortilis et Nilotica ou encore le jujubier ou le dattier du désert (Balanites aegyptiaca) qui produisent tout deux huile et fruits
Des arbres fruitiers (citronniers, corossoliers, goyaviers, manguiers, anacardiers) partout dans les concessions
Plus près des côtes : le cocotier très adapté pour lutter contre l’érosion du littoral et aussi permettre de cultiver sous leur leur ombre (voir notre article la ferme-école de Kaydara) de plus ses fruits sont fortement demandés pour leur valeur économique, dans la nutrition et la cosmétique.
Le rônier « sentinelle de la savane » qui a besoin d’eau mais supporte les périodes de sécheresse. Son bois imputrescible et résistant aux termites est utile pour la construction (charpente, Warf, échelle, toiture), les meubles (lit, fauteuil, chaise, banc, armoire) la vannerie (natte, panier, cordage, tamis), l’écorce à des fins médicinales et les fruits pour la consommation humaine et animale.
Et aussi des ombragés comme le Khaya (caïlcédrat), le Terminalia mantali, le Peltophorum ferrigineum (flamboyant jaune).
Exemples d’activités en 2019 – 2020 et 2021
L’action 100 millions de graines
Initiée par par Haidar El Ali, alors directeur de l’Oceanium de Dakar (voir notre article) elle devient désormais une action portée par l’ASERGMV.
Récolte des graines par les populations, suivi du lancer par lance-pierres juste avant la saison des pluies : 30 000 graines par sac, l’Oceanium de Dakar a déterminé 22 principales espèces d’arbres en fonction de leur intérêt écologique et de leur intérêt pour les populations locales et qui peuvent être semées de cette manière : Caïlcedrat, Moringa, Agrume, Corrossol, Baobab, Fromager, Pomme de cayor, Mampata (prunier de Guinée), Jujubier. Une fois récoltées les graines sont enrobées d’un compost enrichissant et protecteur.
En Juin 2020, l’opération de distribution de graines dans des sacs avec Haïdar El Ali est renouvelé à la pépinière de Sébikotane
Le partenariat
Le développement du partenariat fait partie des stratégies phares de l’ASERGMV. Le partenariat s’appuie sur les collectivités territoriales, les guides religieux et coutumiers, les ONGs et les Organisations Communautaires de Base et les projets et programmes.
Avec la FAO Sénégal et son Projet Action Contre la Désertification (ACD)
Au Sénégal le projet Action contre la Désertification ACDSn de la FAO appuie l’Agence Nationale de la Grande Muraille Verte :
– conserver des écosystèmes menacés
– résilience des systèmes agro-sylvo-pastoraux
– gestion communautaire durable des terres et biodiversité
Avec le PDIDAS (voir leur site) (Programme pour le Développement Inclusif et Durable de l’Agriculture au Sénégal)
Le projet intervient dans 9 communes des régions de Saint Louis (Mbane, Ngnith, Ronkh, Diama, Ndièbène Gandiol, Gandon, Fass Ngom ) et de Louga (Syer, Keur Momar Sarr ) et dans 41 villages.
C’est dans ce cadre que l’ASERGMV a signé avec le PDIDAS une convention cadre et une autre spécifique par la réalisation des activités suivantes :
—Le bornage et le pancartage de 8 forêts classées (Rao, Keur Mbaye, Mpal, Maka Diama, Naéré, Ndiaw et Thilène) dans la région de Saint-Louis afin d’éviter tout empiètement par les populations et les agro-industriels installés dans la zone.
— La construction de 3 pépinières dont 2 dans la région de Saint-Louis et 1 dans la région de Louga
–La production de 800 000 plants regroupant une dizaine d’espèces
–Le renforcement de capacités des acteurs regroupés en Association intervilllageoises (AIV)
–La mise en défens de 40 000 ha
–L’élaboration de 9 plans d’aménagements et de gestion (PAG)
Ces activités vont entre autres contribuer à l’augmentation du taux de couverture végétale, à la gestion de la Biodiversité et aux développements d’activités génératrices de revenus dans les régions de Saint-Louis et Louga
Avec l’ONCAV (Organisme National de Coordination des Activités de Vacances) qui compte plus de 7600 ASC (Associations sportives et culturelles) dans tout le Sénégal, pour le reboisement et lutter contre la dégradation de l’environnement.
Avec des villes comme par exemple : Diokoul Diawrigne (Région de Louga), Tivaouane (Région de Thiès), Ziguinchor (Casamance), Golmy (Région de Tambacounda).
Et encore :avec CopsAfrica qui a placé 20 volontaires dans 10 régions pour TolouKeur et avec Fabrimétal à Dakar qui s’inscrit dans une démarche de transition écologique, a développé toute une pépinière d’arbres aux abords de l’usine, les donne gratuitement pour la reforestation et parraine le TolouKeur de Belvédère
Renforcement du dialogue entre les secteurs de la forêt, de l’agriculture, de l’élevage
Un atelier de restitution s’est tenu à Louga ce 24 novembre 2020. dans le cadre de la formulation du projet de renforcement du dialogue entre les secteurs de la forêt, de l’agriculture, de l’élevage et de l’utilisation des terres au Sénégal, afin de soutenir les interventions d’adaptation et d’atténuation en particulier dans le cadre de l’initiative de la GMV.
Présidé par l’adjoint administratif du gouverneur de la région de Louga, cet atelier a vu la participation du représentant de la Fao, du directeur de la grande muraille verte, des chefs de services de déconcentrés de l’état, des collectivités territoriales et des responsables des unités pastorales et des autres organisations de bases.
Plantations par dizaines de milliers d’arbres fruitiers dans les concessions
(citronniers, corossoliers, goyaviers et manguiers) pour répondre à une demande pressante des populations suite à entretiens et sensibilisations en particulier dans les villages des régions de Matam, de Podor et du Djoloff (département de Linguère)
Voir l’article « Ce qui explique le choix porté par l’ASERGMV sur les plants fruitiers » par le Commandant Mamadou Dia
Ces plantations transforment des bénéficiaires en acteurs du reboisement en ouvrant la voie à
des formations à la production de plants en pépinière (Podor)
parfois aussi au greffage (Matam) à l’intention de Volontaires, de jeunes et de femmes des localités en vue de produire des plants fruitiers, d’ombrage et d’essences forestières, accompagnées de dons de graines, de semences et petit matériel. Du personnel local, rémunéré par la Grande Muraille verte, est spécifiquement formé pour le suivi
Ces pépinières viendront s’ajouter à celles précédemment crées par l’Oceanium de Dakar et par l’Agence de la Grande Muraille Verte
Création de clubs verts dans les écoles
avec les élèves (Thilogne, Matam) initiés au rempotage de graines. Ce village a déjà développé une belle pépinière communale où les membres de Eco Espaces Verts sont déjà venus se fournir.
Les campagnes du rônier
Aujourd’hui portées par l’ASERGMV, elles ont débuté par l’Oceanium de Dakar (voir notre article) déjà en 2011 pour tenter de contrer l’inquiétante disparition de cet arbre menacé par des facteurs naturels (diminution des pluies, attaques des champignons et des insectes parasites, feux de brousse) mais aussi par la surexploitation des paysans et par l’important trafic entre le Sénégal et les pays limitrophes, tels la Gambie et la Guinée-Bissau.
En 2016 ce sont 187 sacs de rôniers plantés soit environ 47 000 rôniers (Guereo, Pout, Sébikotan, Mont Rolland, Joal..). Récoltes de noix de rônier (Borassus Aethiopum) : – Forêt de Yayeme – Sin Saloum.
En 2020 ce sont 2000 rôniers qui ont été plantés dans la forêt classée de Djilor afin d’éviter l’abroutissement par le bétail.
Programmes Sunu Coco et Sunu Tool
“Sunu Coco” vise à réintroduire au Sénégal le cocotier en forte régression et pourtant très adapté pour lutter contre l’érosion du littoral et fortement demandé pour sa valeur économique, dans la nutrition et la cosmétique.
“Sunu Tool” Le projet forêt urbaine, vise à mettre en place des poumons verts dans les grandes villes afin de lutter contre le réchauffement climatique et la pollution. Grâce à notre vice-président Riad Kawar et notre partenaire Fabrimetal Sénégal , un terrain dégradé a été transformé en un premier jardin à Mermoz (Dakar)
Fête du baobab à Dialambéré (Casamance)
Une journée de reboisement autour du baobab. Cette activité inscrite dans le long terme va permettre de reboiser la forêt, mais lutter aussi contre les trafiquants de bois à cause de sa proximité avec la Gambie (voir notre article Oceanium de Dakar)
Écovillages / Programme Tolou Keur (voir notre article)
Directrice Karine Fakhoury, maître d’œuvre, Ali Ndiaye, sénégalo-brésilien, ingénieur agronome.
En 2020-2021 le programme a réuni 17 sites volontaires pour créer par leurs propres moyens ou avec l’appui d’un parrain, une autosuffisance alimentaire sur le modèle Permacole de la forêt nourricière.
60 espèces mélangées nourricières ou médicinales vont être intégrées selon un design précis.
Objectif : Restauration des sols et de la forêt en plus de celles de la souveraineté alimentaire et du principe de la dignité en créant des forêts nourricières et médicinales.
Voir : La cartographie des Tolou Keur réalisés au Sénégal par ASERGMV
La Sentinelle de l’ASERGMV
Officialisation de la SENTINELLE de l’Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille verte au siège de Fabrimetal (Dakar) portée par Riad Kawar, et vingt autres sentinelles.
La SENTINELLE peut être représentée par chacun en tant qu’individu ou structure bénévole : depuis votre lieu de vie, d’activité ou de loisir vous émettez le souhait de conjuguer toutes ou parties de nos actions avec les vôtres. À ce jour juin 2020 et en un mois 200 personnes nous ont rejoint.
La SENTINELLE porte 3 actions de l’ASERGMV en 2020 :
– 100 millions de graines pour la terre et lancer de graines,
– Le programme Tolou Keur : identification et moyens techniques sur Tolou Keur
– La solidarité de tous les pépiniéristes du pays : identification de pépinières partenaires de la reforestation et parrainage.
CONTACTS ET LIENS
– Facebook Agence Sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille verte (ASERGMV)
– Tel : (+221) 77 939 50 50
(+221) 33 859 05 31
– Site officiel de l’ASERGMV
– La page info de l’ASERGMV
Et pour rappel les autres articles de notre site BurkinaDoc de Mil’Ecole :
– Tolou Keur – Ecovillages avec l’ASRGMV. Petites unités collectives. Depuis 1 an une quinzaine se développent au Sénégal.
– L’Oceanium de Dakar/Gestion durable de l’environnement marin et terrestre
– Aire Marine Protégée Communautaire de Bamboung
Voir aussi d’autres Vidéos autour de la Grande Muraille Verte (GMV) et de la reforestation au Sénégal :
– Une vidéo du Monde du 17 février 2020 par Laureline Savoye
Plan B : au Sénégal, une Grande Muraille verte pour arrêter le désert
GMV, France 5, 2016
GMV, Drône, 2017
GMV, Jardins polyvalents, 2017
Des graines et des animaux 1
Des graines et des animaux 2
Haïdar El Ali, une vie
Voir aussi ces articles dans BurkinaDoc de Mil’Ecole sur :
Planter des arbres au Sahel sans arrosage durant la saison sèche :
– Le puits racinaire : méthode adaptée aux terres latéritiques.
Creuser un puits pour traverser la couche latéritique dur comme la pierre qui se trouve à 20 cm des terres arables, le remplir de terre friable et planter le petit arbre au début de la saison des pluies.
Une technique mise au point par TERRE Verte qui plante plusieurs dizaines de milliers d’arbres et arbustes chaque année au Nord Burkina Faso depuis plus de 20 ans.
– Le semis-direct : méthode adaptée aux terres sableuses
Planter des semences directement dans le sol par groupe d’espèces locales au début de la saison des pluies. Méthode expérimentée depuis plus de 35 ans par Eden Foundation puis Rewil.Earth (voir notre article) au Niger
Arbres de brousse et sécurité alimentaire
– Au Burkina Faso
Une vingtaine d’arbres de brousse présentés en diaporama avec leurs produits vendus au marché et en notice leur nom scientifique et leurs utilisations par les paysans burkinabè
– Au Niger
Une vingtaine d’arbres de brousse résilients qui ont nourrit de leurs graines leurs feuilles et leurs fruits des générations de Nigériens des régions de Zinder et dénigrés par la soi-disant civilisation moderne, présentés en diaporama avec la transformation de leurs produits en aliments commercialisables par Sahara Sahel Foods (voir notre article) (graines, huiles, couscous, bouillies, biscuits, pulpes, jus, confiture…)
Voir aussi d’autres acteurs agroécologistes en Afrique de l’Ouest
Au Sénégal et aussi au Bénin, au Mali, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Niger et au Ghana
Lire la carte
Sur la carte, choisir une icône (puis « plus d’infos » sur mobile). Vous trouverez notices avec contacts (quand nous les avons trouvés), liens, photos et parfois vidéos.
Mil’Ecole – Mai 2010